Laissons, pour un temps, Bonaparte, l’homme des grandes batailles, se défaire de son habit de chasseur à cheval. Le voici en compagnie de Louis Stanislas de Girardin, futur président du Tribunat, mais surtout disciple de Jean-Jacques Rousseau, qui fut son précepteur. Napoléon et Stanislas se retrouvent à Ermenonville, là où est décédé le philosophe-musicien, l’auteur du Contrat social. C’est pour eux le moment de se recueillir et de se rappeler qu’avant d’être des soldats, ils furent aussi des apprentis poètes. Et qu’eux aussi espérèrent retrouver l’état originel de la Nature et rendre hommage à ce temps de l’Arcadie, ce pays du bonheur où les bergers régnaient en sages.

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On sait qu’à l’issue de ce rêve éveillé, Bonaparte eut cette réflexion : « L’avenir apprendra s’il n’eût pas mieux valu, pour le repos de la Terre, que ni Rousseau ni moi n’eussions jamais existé… »

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En puisant dans les romances des Consolations des misères de ma vie, œuvre de Rousseau publiée à titre posthume par le marquis de Girardin en 1781, l’ensemble Les Lunaisiens élabore un concert sensible où confessions et rêveries se retrouvent à l’état d’airs et de chansons nostalgiques, inspirées d’une Nature omniprésente. Des romances aux titres évocateurs y résonnent : « Ruisseaux qui baignez cette plaine, je vous ressemble », « Je l’ai planté, je l’ai vu naître, ce beau rosier où les oiseaux viennent chanter ».

Voici Bonaparte et Rousseau réunis dans un songe musical, intime et crépusculaire.